Jean RACINE

Comme nous l'avons tous appris, Jean Racine est un auteur bien français.
Mais il a adapté avec succès de nombreuses tragédies grecques, encore jouées aujourdhui.

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Si comme moi, vous conservez en mémoire avec bonheur,
ces longues tirades apprises par coeur aux temps bénis de l'adolescence,
vous saurez peut-être reconnaître les quelques vers que je vais vous proposer ?

Magnifique idée.... comme toujours.... je prends la liberté de proposer quelques uns de mes vers préférés

.............Excité d'un désir curieux,
Cette nuit je l'ai vue arriver en ces lieux,
Triste, levant au ciel ses yeux mouillés de larmes,
Qui brillaient au travers des flambeaux et des armes,
Belle, sans ornement, dans le simple appareil
D'une beauté qu'on vient d'arracher au sommeil.
Que veux-tu ? Je ne sais si cette négligence,
Les ombres, les flambeaux, les cris et le silence,
Et le farouche aspect de ses fiers ravisseurs,
Relevaient de ses yeux les timides douceurs.
Quoi qu'il en soit, ravi d'une si belle vue,
J'ai voulu lui parler, et ma voix s'est perdue :
Immobile, saisi d'un long étonnement,
Je l'ai laissée passer dans son appartement.
J'ai passé dans le mien. C'est là que solitaire,
De son image en vain j'ai voulu me distraire.
Trop présente à mes yeux, je croyais lui parler,
J'aimais jusqu'à ses pleurs que je faisais couler.
Quelquefois, mais trop tard, je lui demandais grâce ;
J'employais les soupirs, et même la menace.
Voilà comme, occupé de mon nouvel amour,
Mes yeux sans se fermer, ont attendu le jour...

Fille de Minos et de Pasiphaé.....
PHEDRE (Acte V, scène ?) bien sûr !

Adolescent, ces vers m'avaient ému aux larmes,
et aujourd'hui encore tout en les relisant,
vous verriez mon visage....

Triste, levant au ciel ses yeux mouillés de larmes,
Qui brillaient au travers des flambeaux et des armes,

Mes deux préférés. Merci Jeanne-Phèdre pour ces larmes matinales !

Britannicus Acte II scéne 2
Néron apprend à Narcisse (gouverneur de Britannicus, qui espionne son maître pour Néron)
qu’il est tombé amoureux de Junie - amante de son frère Britannicus et qu'il a fait enlever - en la voyant en pleurs...

La magie des mots ne serait-elle qu’illusion ? Une si belle déclaration au beau milieu de tant de trahison …..

Mort de honte, je suis !
Me trouve Gros-Jean-Comme-Devant...
Ayant lancé le sujet, fort intéressant,
Mêlant culture et nostalgie,
M'aperçois que mes livrets d'étudiants
Ne m'ont en Grèce pas suivi !

Oh rage, oh désespoir, oh vieillesse ennemie,
N'ai-je donc tant vécue que pour cette infamie ?

Ben v'là t-y pas que j'me mets à causer comme Racine ?
J'espère bien que c'est du Racine !!!!!

Merci Jean-Maurice de permettre par ces merveilleux vers
Oh rage, oh désespoir, oh vieillesse ennemie,
N'ai-je donc pas vécue que pour cette infamie ?
un hommage à Gérard Philipe enterré, selon ses désirs, à Ramatuelle dans le costume du Cid....

MDH.....Bon ce coup là j'assure (avec l'aide discrète d'Hélène) :

Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue;
Un trouble s'éleva dans mon âme éperdue;
Mes yeux ne voyoient plus, je ne pouvois parler;
Je sentis tout mon corps et transir et brûler ;
Je reconnus Vénus et ses feux redoutables,
D'un sang qu'elle poursuit, tourments inévitables.

De quelle tragédie grecque de Racine ces vers sont-ils extraits ?

Phèdre, en proie à sa passion dévorante, qui ravage son coeur, pour Hippolyte son beau-fils...
Les plus beaux vers... à relire et à relire

Ignard comme je peux l'être, je ne connais de Phèdre, que la transposition de Vadim :

La Curée.
Les acteurs ont été un peu rebaptisés par les bons soins de Vadim:
Phèdre/la très jolie Jane Fonda est Renée
Thésée/le charismatique Michel Piccoli
et Hippolyte/le sublissime Peter McEnery est Maxime.

Peter Mc Enery qui était entre autre, à l'époque du film, l'amant (pour de vrai) de..........;

Spoiler:

Et ouiche !

Elle n'a pas mauvais goût, cette Françoise, non ?
Ceci dit, un excellent film qui n'a pas trop vieilli.

Avec la complicité d'une amoureuse du théatre et de la politique,
malheureusement trop discrète sur ce forum,
je vous propose les vers suivants :

Qu'avez-vous fait ? Je me suis crue aimée.
Au plaisir de vous voir mon âme accoutumée
Ne vit plus que pour vous. Ignoriez vous vos lois
Quand je vous l'avouais pour la première fois ?
...
Lorsque tout l'univers fléchit à vos genoux
Enfin quand je n'ai plus à redouter que vous.

Si vous insistez un peu,elle vous donnera peut-être sa propre analyse de cette tragédie d'actualité et de Jean Racine !

jmolo a écrit:: Si vous insistez un peu,elle vous donnera https://www.youtube.com/watch?v=NiOHAlkNZa8 peut-être sa propre analyse de cette tragédie d'actualité et de Jean Racine !

alors là je ne savais pas que j'allais me retrouver avec des personnes ayant une grande culture ... super ! j'ai lu ou relu avec plaisir ses vers magnifiques ... bravo à vous deux et à la personne qui n'ose pas mais qui aide !

La réponse :

http://www.wat.tv/media/dyn/pre/90x70/55/50/805550.jpg?1200674955[/img]

Comme ils en parlent bien ! Le Renoncement, de tout temps, est-il propre à la Femme ?

Peut-être la réponse des forumeuses.....

impossible d'ouvrir le lien !!!!!
http://www.wat.tv/media/dyn/pre/90x70/55/50/805550.jpg?1200674955[/img]

à plus tard pour quelques nouvelles de

Spoiler:

Sorry, j'avais posté le lien pour voter pour ou contre cette vidéo...

http://www.wat.tv/video/carole-bouquet-lambert-wilson-h9ke_eb3b_.html

Alors mesdames, comme Carole Bouquet, pensez-vous que le Renoncement soit essentiellement une "vertue" féminine ?

Nombre de messages : 20 Localisation : Rouen Date d'inscription : 14/10/2007

Je propose à vos souvenirs, deux vers d'une pièce de Racine actuellement à l'affiche d'une scène parisienne :

Songez-y bien : il faut désormais que mon coeur
S'il n'aime avec transport, haïsse avec fureur.

Quel chaos les passions humaines ! La sagesse orientale me paraît une meilleure voie vers le bonheur.
Mais quel régal les alexandrins de Racine !

.....Je n'épargnerai rien dans ma juste colère :
Le fils me répondra des mépris de la mère ;
La Grèce le demande ; et je ne prétends pas
Mettre toujours ma gloire à sauver des ingrats

Si juste chère Hélène.... Quelques échos de la pièce????

J'attends avec impatience mon stage de sagesse orientale à Naxos

Nombre de messages : 20 Localisation : Rouen Date d'inscription : 14/10/2007

Le metteur en scène irlando-londonien Declan Donnelan s'était fait connaître en France au festival d'Avignon en 1998 avec paraît-il un mémorable "CID" de Corneille (que je n'avais pas vu). Il s'est attaqué cette fois à la tragédie de Racine "dans une mise en scène glacée et incandescente d'Andromaque où il déroule le fil tendu à l'extrême des passions humaines inconciliables. Vengeance et fureur à cran" (La Terrasse). La scène est presque vide, les acteurs exceptionnels.

Nombre de messages : 20 Localisation : Rouen Date d'inscription : 14/10/2007

JMO Je ne crois pas du tout que le renoncement soit en soi une vertu et encore moins féminine ! Tout dépend du contexte et de la situation : il faut savoir persévérer... ou lâcher prise intelligemment. En l'occurrence Bérénice ne renonce pas : elle est abandonnée par le traître Titus qui lui préfère le pouvoir . Mais elle ne s'effondre pas, elle ne se tue pas, elle garde sa dignité et elle surmontera l'épreuve. Je la vois ainsi. Vous avez un autre point de vue de Carole Bouquet ? LN

Le point de vue de Carole Bouquet sur le Renoncement :

"Le Renoncement est quelquechose avec lequelle nous, les femmes, nous naissons, depuis des siècles, et encore pour des siècles à venir...Les hommes, eux, ont besoin de courir le monde..."

http://www.wat.tv/video/carole-bouquet-lambert-wilson-h9ke_eb3b_.html

Nombre de messages : 20 Localisation : Rouen Date d'inscription : 14/10/2007

JMO je n'en reviens pas de cette opinon de la belle Carole, que je ne partage pas du tout ! Et qui ne lui sied pas me semble-t-il. D'ailleurs "on ne naît pas femme on le devient" (Simone de Beauvoir). Où avez-vous trouvé ça ?

A lire : La Femme et le Sacrifice - D'Antigone à la femme d'à côté, d’Anne Dufourmantelle, psychanalyste et philosophe.

Promenade à travers les grandes figures et les grandes thématiques du sacrifice féminin (Jeanne d’Arc, la Vierge, Médée, Roméo, Juliette….) qui tend à démontrer qu’à la différence du renoncement - qui est un abandon du désir –, le sacrifice, forme de «surdésir», est un acte qui donne un grand pouvoir. La femme sacrifiée n’est pas une victime... « le refus du sacrifice dans les familles et notre société pousse au renoncement, au devenir-objet dont le suicide peut être une forme..... Le pouvoir des femmes de donner et de se donner la mort (symbolique ou réelle) en lieu et place de ce qu’une femme peut normalement donner, c’est-à-dire la vie." la place de l'érotisme dans le sacrifice.....
http://www.transfuge.fr/livre,essai,dufourmantelle,40.php

Formidable thématique !

Si Racine avait su qu'il nous conduirait au don de soi comme preuve d'amour transcendentale, au masochisme comme offrande extrême, à l'excision rédemptrice d'un péché inconnu, voire au suicide sublimatoire !!!

Sans doute un livre de chevet pour toutes les femmes et quelques hommes sensibles (oui çà existe... j'en connais !)

On attend les commentaires des Bérénices-lectrices réconfortées par le renoncement et la douleur, et ceux des heureux Titus- lecteurs sources de tant de bonheurs procurés dans la douleur.

PS : Mais que fait ce Roméo dans cette liste de Bérénices ? Un garçon sensible égaré dans la féminitude ?

Invité

faut pas écouter tout ce que dit madame bouquet. c'est son impression qu'elle nous donne alors qu'elle jouait bérénice. le renoncement est une notion que les hommes comme les femmes peuvent ressentir. je ne crois pas qu'un service 3 pièces et les hormones déterminent tous nos sentiments ou nos façons.
pour faire simple : certains homo sapiens sapiens quelque soit leur sexe sont des cons finis quand d'autres homo erectus tout aussi sapiens, sont des gens forts sympathiques.

Qu'il est bon de rire en te lisant !!!!!!!

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