Yves NAVARRE

Nombre de messages : 2467 Date d'inscription : 18/02/2008

Je ne connais pas donc difficile d'émettre un avis mais bon....
pourquoi être si négatif :
picador, gladiateur (au mauvais sens des termes j'imagine !)
prédateur de sa propre vie.....
faudrait que j'en lise plus
mais... pas sûre que j'en ai envie !

josee a écrit:: faudrait que j'en lise plus, mais... pas sûre que j'en ai envie !

Yves NAVARRE est un écorché vif, qui s'est toujours senti rejeté - à torts ou à raison - par sa famille, ses amis, son époque.

Cette DOUCE FRANCE (titre sans aucun doute ironique) est un livre à part dans son oeuvre, d'abord par la forme.
Il semble que son éditeur habituel, Flammarion, ne l'ait pas accepté. Il est paru chez le québequois Lemeac Ed,
dans un format inhabituel et sur papier recyclé.
Original par le style, puisqu'aucun dialogue n'est matérialisé, pas plus que les retours à la ligne, si ce n'est la fin des paragraphes.

Quant au fond, l'émotion -pour moi- est comme à chaque fois au rendez-vous.
Univers familial complexe, où non-dits et ressentiments sont (omni)présents, causant le trouble de l'auteur,
et par ricochet, celui du lecteur...
A suivre.
Claire : l'as-tu lu ? Ici, un site qui t'aidera à mieux le connaître :
http://www.yvesnavarre.ch/biographie.htm

Non je n'ai pas lu ce livre,
mais je connaissais le site.
Dans ses livres, il y a un mot qui revient souvent,
c'est le verbe cogner
qui laisse entrevoir une grande violence interieure,
(je pense).

claire a écrit:: ... c'est le verbe cogner qui laisse entrevoir une grande violence intérieure

Tu as raison, une grande violence, mais uniquement intérieure. Je n'ai pas souvenir de scène de violence physique dans ses romans,
mais la violence intérieure est parfois plus douloureuse...

Sur le fond, DOUCE FRANCE commence par un fait divers dans la campagne profonde française des années 50's.
Un couple de paysans en manque d'enfant découvre un bébé abandonné dans leur grange.
La tentation est grande de le conserver, mais la police est alertée et la mère est retrouvée, hagarde, muette, absente,
dans une maternité où, très vite, la famille, qui la croyait disparue et l'espérait morte, se retrouve autour du lit.

Famille désunie, soudain recomposée pour l'occasion autour de ce lit de cette jeune mère malgré elle, malgré eux.
Que faire ? Faire semblant d'accepter ? Faire semblant...
- Voulez-vous voir le bébé ? demande l'infirmière.
- Nous n'avons pas le temps... nous devons rentrer à Paris ! répond la famille.

A suivre...

jmolo a écrit:: Tu as raison, une grande violence, mais uniquement intérieure. Je n'ai pas souvenir de scène de violence physique dans ses romans,
Mais la violence intérieure est parfois plus douloureuse.

Dans Le petit Galopin de nos Corps"
il y a parfois, entre Joseph et Roland,
quelques violences dans leur rapports amoureux,
non ???

claire a écrit:: Dans Le petit Galopin de nos Corps"il y a parfois quelques violences dans leur rapports amoureux ?

Peut-être, mais il y a si longtemps que je l'aie lu... il y a prescription !
La famille de DOUCE FRANCE est si complexe que j'ai dû me faire un organigramme. Jugez plutôt :

La famille VOLARD habite le Domaine de la Cisaille, et ont 5 filles et 2 fils.
- Angéline, la seconde, a épousé un opportuniste, Raymond BRABANT
- l'un des fils a une fille naturelle, Suzanne

Les parents, Raymond BRABANT et Angeline VOLARD, ont deux filles :
- Véronique, mariée à Martial BERTHIER
- Geneviève, mariée à personne, mais avec un bébé, Claire, et c'est bien le problème.

Suzanne, la bâtarde, a épousé Sylvain LHERBIER, psychanalyste.
Ils sont revenus habiter le village où habitent la famille VOLARD qui refuse de les rencontrer.

Ginette, une vague et vieille cousine célibataire, parisienne et fortunée des BRABANT,
jadis fiancée à un soldat mort à la guerre, a pris Geneviève en affection.

Sachant qu'Yves NAVARRE se met systématiquement en scène dans tous ses romans...
quel rôle, selon vous, s'est-il attribué dans cette histoire ?

peut-être la cousine Ginette ????

claire a écrit:: peut-être la cousine Ginette ????

Oooooohhhh ! Non ! Pas GINETTE...
Beaucoup trop équilibrée, les pieds sur terre,
bien dans ses vieilles basquettes...
Je vois quelqu'un de beaucoup plus souffreteux...
incompris... malheureux, quoi !

Geneviève ???

claire a écrit:: Geneviève ???

Oui, là nous sommes d'accord : GENEVIEVE
le vilain petit canard de la famille,
l'incomprise, qui regarde les autres au-dedans,
tout en restant au-dehors...

J'ai toujours trouvé un peu anachronique quand Yves Navarre se met en scène au féminin,
et ne peux m'empêcher de penser que la raison en était de ne pas vouloir faire "l'écrivain homo militant de service"...

jmolo a écrit:: J'ai toujours trouvé un peu anachronique quand Yves Navarre se met en scène au féminin,
et ne peux m'empêcher de penser que la raison en était de ne pas vouloir faire...

Et là je suis d'accord avec lui
car "les écrivains homos militants de service"...
ne sont jamais à la hauteur !!!!

La suite de l'histoire de cette DOUCE FRANCE :

Lors que la famille de Geneviève entend organiser un baptême discret de la petite Claire,
la vieille cousine Tinette, arrivée de Paris en taxi, entend en faire une cérémonie grandiose !
Et de courir les boutiques pour acheter ce qu'il y a de plus beau pour le bébé et sa filleule de maman...

Lors que la tante Véronique consent à jouer la marraine, Tinette demande au coiffeur du village de bien vouloir jouer le rôle du parrain...
Tinette confie à Geneviève le nom de son amoureux disparu, Geneviève confie à Tinette celui de son fougueux amant de passage... Alexandre et Julien, deux prénoms échangés, scellant une complicité suffisante...
Le curé est soudoyé financièrement pour faire tintinnabuler ostensiblement les cloches de son église.

La fête peut commencer...
A suivre ! Ça vous plaît ?

Oui, je crois que je le lirai à NAXOS

La cérémonie du baptême eut lieu dans la partie sombre de l'église.

Tinette était ravie de la farce qu'elle jouait à cette famille qu'elle contemplait de l'extérieur, sans doute pour la dernière fois. Aux "Vous n'avez pas changé !", elle répondra : "A mon âge, on ne change plus, on meurt."

Seule Geneviève priait, égarée "comme à l'ordinaire" dira son père.
A présent, en route pour la fête...

Et chacun de s'efforcer à faire parler Geneviève, pour qu'elle raconte enfin son histoire.
Geneviève, perdue dans ses pensées, pense à Julien, à ses mains, à ses gestes...

A force qu'elle se taise, la famille oublie qu'elle entend.
Et les langues de cracher leur venin engrangé par le temps...

Chacun voulait partir, et tout le monde restait,
à cause de la pluie.

Comme souvent, chez Navarre, des documents font avancer l'histoire.

D'abord, un poignant Procès-Verbal, déposition du chauffeur de taxi, témoignant au Commissariat de Police du décès de Tinette, lors du trajet retour sur Paris.

Puis une lettre émouvante de Tinette au chauffeur de taxi, afin de le disculper en cas d'incident lors du voyage. Une lettre dans laquelle elle confie l'inutilité de sa vie, toute entière vouée à un homme mort à la guerre, et dont elle ne porta pas l'enfant jusqu'à son terme.

Vie vouée également au sauvetage de cette Geneviève, dont elle n'est même pas sûre qu'elle en vaille la peine...
"Tinette sait qu'elle n'a été que le ramasse-merde de la famille."

jmolo a écrit:: Tinette sait qu'elle n'a été que le ramasse-merde de la famille.

Normal avec un surnom comme çà !!!!

Tinette morte, Geneviève hérite de quasiment toute sa fortune,
ce qui lui permet d'acquérir une voiture, de faire construire une maison près de la propriété de ses parents.

La famille ahurie, contemple cette évolution, partagée entre jalousie et admiration.
Geneviève donne à sa petite Claire toute l'attention et l'amour normalement prodigués à un bébé, et dont elle a toujours manqués.

Puis la fugue de Geneviève est évoquée. Elle avait suivi ce Julien, qui semblait un peu fou, fou de Dieu ?
Mais quand la fugue s'était révélée fuite, il avait bien fallu l'annoncer.

C'est alors que quelqu'un sonna à la porte....

la suite !!! la suite.....

claire a écrit:: la suite !!! la suite.....

Qui sonne à la porte ?
Et si vous imaginiez la suite.... ?

Et c'est Julien qui sonne à la porte ???

claire a écrit:: Et c'est Julien qui sonne à la porte ???

Et c'est Julien qui sonne à la porte ! Flanqué de deux bambins, Manuel et Germain, les deux frères de Claire.
Et l'on découvre ainsi que la fuite de Geneviève ne date pas d'hier...

"Ainsi vous êtres là, et c'est bien ainsi. Malgré tout." reconnaîtra Raymond.
Toute la nuance se trouve dans le "Malgré tout."

Et du fait du retour du père prodigue, la brebis galeuse retrouve un semblant de réhabilitation.
Le schéma de la famille classique est reconstitué et va pouvoir être exposé fièrement à la critique sournoise du village.

Photo de famille.
"Me voilà rassurée", avouera Angeline...

Et Julien se raconte...
des histoires incongrues, de sage et de disciple, en s'excusant d'être un peu fou...

"Nous dînerons à la salle à manger. Le dîner sera improvisé mais la table sera belle." annoncera Angeline,
escortée de Manuel et Germain, armés de nappe et de serviettes.

Et Raymond sortira une bouteille de Margaux 55.
La nappe avait des plis, elle n'avait pas servi depuis longtemps.

En bref, le mariage de Julien et Geneviève est célébré en catimini et en présence de leurs trois enfants.
"Même si Julien est un vaurien, il est mieux que rien", confiera la mère à sa fille.

Puis, vient le tour de la vieille tante Céleste : arrêt cardiaque, la tête dans l'assiette de potage. Morte.
"Une belle mort. C'est la série..." dira le beau-frère notaire.

Et Julien de confier sa folie au docteur Sylvain, son nouveau cousin :
"Je suis fou. J'écris tout ce qu'il me dit de dire. Mon corps est là, mais je suis ailleurs, en éclaireur."

D'après vous, IL c'est QUI ? A suivre...

DIEU ????

claire a écrit:: DIEU ?

La situation est campée. Il est temps pour moi d'arrêter là mon résumé, et sans doute en ai-je déjà trop écrit,
le but n'étant que de vous donner l'envie de découvrir cette merveilleuse histoire aux relents franchement autobiographiques.
Navarre est en fait un peu tout le monde à la fois :
il possède la honte de Geneviève, la folie de Julien, le reproche de Claire, le mal de vivre de la Province.
Il a face à lui, sa propre famille, drapée dans son mutisme et ses convictions, son inaptitude au dialogue et à l'affection.

Bref, chacun à sa façon peut s'y reconnaître.
Où va le monde ? Et surtout celui d'aujourd'hui ! Roman d'actualité s'il en est.
Tout le monde est en droit de se poser la question, mais certains, plus sensibles, se la poseront de façon plus douloureuse...
Précipitez-vous sur cette DOUCE FRANCE, ou venez la déguster ici, à NAXOS !